Pendant l’exil

  • Portrait de Victor Hugo en 1853 - Photographie.
  • Portrait photographique de Victor Hugo, en 1855, le regard sombre
  • Portrait photographique de Victor Hugo, de profil, le regard triste, le front dégarni, les cheveux rejetés sur le côté.
  • Portrait photographique de Victor Hugo, en 1860, le visage légèrement bouffi, les yeux sombres.
  • Portrait photographique de Victor Hugo, en 1861, face à l'objectif, avec la barbe, tel qu'il sera immortalisé.
  • Portrait photographique de Victor Hugo, en 1864, regardant de côté, avec une barbe blanche très fournie et une moustache sombre.
  • Portrait photographique de Victor Hugo, en 1867, face à l'objectif, le regard légérement de côté, les cheveux courts, la barbe taillée, le col agrémenté d'un noeud papillon.

Pendant l’exil – Solitaire mais solidaire

(1852-1870)

« Et s’il n’en reste qu’un… »

Le décret bannissant de France 66 représentants du peuple, dont Hugo, est publié le 9 janvier 1852. C’est à Bruxelles où il s’est réfugié que commence donc son exil. Il entreprend le récit des événements qu’il vient de vivre puis l’interrompt au profit d’un pamphlet qu’il juge plus urgent : Napoléon-le-Petit. Menacé d’expulsion, il gagne l’île de Jersey où il loue une maison qu’il baptise Marine Terrace. Comme il le prévoyait, le prince-président se fait sacrer sous le nom de Napoléon III, le 2 décembre. Hugo rédige les poèmes qui vont composer un recueil de la même veine que le pamphlet : Châtiments. Il y prend l’engagement de ne pas rentrer en France tant que durera l’Empire « et s’il n’en reste qu’un » d’être « celui-là ». Les deux brûlots passeront clandestinement en France, exposant ceux qui les reçoivent et les lisent à de sévères sanctions.

Solitude du contemplateur mais solidarité avec les autres proscrits

Une amie de passage à Jersey, Delphine de Girardin, initie ses hôtes à la pratique des « tables » pour communiquer avec les « esprits ». Le fils aîné de Hugo, Charles, se révèle un médium très efficace. Quantité de textes vont être « dictés » par son intermédiaire, deux ans durant. Au sortir de cette expérience, il publiera en 1857 un conte visionnaire, Le Cochon de Saint-Antoine, d’une imagination débridée. C’est aussi l’époque, pour son père, de la rédaction d’une comédie fantastique et fantaisiste, La Forêt mouillée, et de nombreux poèmes qui vont entrer dans Les Contemplations, publiées en 1856 à Guernesey, car, solidaire d’autres proscrits qui ont protesté contre la visite de la reine Victoria à Napoléon III, Hugo, devançant une nouvelle expulsion, y a déménagé. Il y achète une maison qu’il appellera Hauteville House, avec l’espoir de rendre, en tant que propriétaire, une expulsion éventuelle plus difficile. Il poursuit la rédaction d’œuvres poétiques qui ne paraîtront qu’après sa mort, inachevées : La Fin de Satan et Dieu. Il écrit aussi de vastes poèmes qu’il publiera après son retour d’exil : L’Ane, La Révolution, La Pitié suprême. Il refuse l’amnistie qu’octroie le Second Empire. L’éditeur Hetzel le persuade de donner la priorité à de « petites épopées » qu’il décide de publier sous le titre La Légende des siècles en plusieurs séries dont la première paraît en 1859.

Solidarité avec les misérables de tous les pays et ceux qui combattent les oppressions

Hugo reprend la rédaction des Misérables, interrompue en 1848 et l’achève en 1862. Le roman est aussitôt traduit en plusieurs langues, comblant les voeux de l’auteur qui ne le destinait pas seulement aux lecteurs français. Il ne cesse de recevoir des appels à intervenir en faveur de condamnés à mort et de victimes des oppressions ou afin de soutenir ceux qui les combattent partout dans le monde – Haïti, Chine, Mexique, Russie, Crète, Cuba etc. – et il y répond toujours, avec des succès variables. Il autorise, avec une visée d’utilisation caritative des bénéfices, la mise en vente d’un album de 12 de ses dessins, gravés par Paul Chenay et préfacés par Théophile Gautier. En 1864, il publie un grand livre, William Shakespeare, à propos du dramaturge qu’il a toujours admiré et dont son fils François-Victor donne la première traduction fidèle ; il en profite pour répondre aux critiques des Misérables par une défense de sa conception d’un art qui puisse contribuer à la libération des peuples et à la solution des questions sociales.

Solitude de sa fille égarée et solidarité de personnages solitaires

Sa fille Adèle poursuit d’un amour insensé et non réciproque un officier anglais jusqu’au Canada. Elle s’y prétend mariée. L’amour de Déruchette pour le pasteur Joe Ebenezer dans Les Travailleurs de la mer (1866) n’est peut-être pas étranger à cette passion que le père a eu du mal à comprendre. Hugo est revenu à la poésie avec Les Chansons des rues et des bois (1865) et au théâtre avec des pièces qu’il ne peut espérer faire jouer que lorsque la censure ne règnera plus et qu’il conserve inédites pour ne pas en déflorer la découverte scénique : La Grand-Mère, comédie en un acte (1865), Mille francs de récompense, drame en quatre actes, et L’Intervention, comédie en un acte (1866), Mangeront-ils ?, comédie en deux actes (1867). Les héros solitaires de la deuxième – Glapieu, interdit de séjour – et de la quatrième – Aïrolo, hors la loi – se révèlent solidaires de couples menacés et le second, d’une autre solitaire, prétendument sorcière et donc traquée. Hugo conçoit le projet de regrouper ces pièces pour la publication sous le titre Le Théâtre en liberté. Après la mort, à l’âge d’un an, d’un premier petit-fils, Georges, né de l’union de Charles avec Alice Lehaene, un second, doté du même prénom, naît en 1868 ; quelques jours plus tard, Adèle Hugo mère décède. L’année suivante, naît une petite Jeanne, sœur de Georges. Hugo enrichit son Théâtre en liberté de nouvelles pièces : L’Épée, drame en un acte, et Les Deux Trouvailles de Gallus, une comédie en un acte et un drame en deux actes. Il publie le roman L’Homme qui Rit et rédige deux drames : Torquemada, en quatre actes, et Welf, castellan d’Osbor, en un acte. Parmi les protagonistes des pièces, deux nouvelles figures de solitaires : Slagistri dans L’Épée, qui parvient à soulever le peuple, et Welf, victime de sa compassion pour une mendiante. Ses fils et amis fondent un journal d’opposition au Second Empire, Le Rappel. Le régime s’effondre dans la guerre avec la Prusse : l’empereur est fait prisonnier. La République est proclamée à Paris le 4 septembre 1870. Pour Hugo, qui y rentre le lendemain, c’est la fin de près de dix-neuf ans d’exil.

Arnaud Laster

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une fleur qui se dresse au-dessus d'un pont traversé par une troupe. Est-ce la "danse des satyres" ?
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente les jambes et les bottines d'une femme enveloppée dans un tissu coloré.
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une étrange silhouette, belette ailée ?, qui se profile devant les ombres des "ruines d'une abbaye".
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente un village au bord d'une rivière. On aperçoit derrière les flancs d'une colline.
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente le dos renversé d'une femme qui aime.
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente la tête tournée vers le bas d'une "femme habile à se taire".
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente le dos d' une jeune femme allongée, la tête posée sur deux oreillers.
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente des frondaisons.
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente la tête tournée d'une femme à laquelle le poète s'adresse : Tu ne veux pas aimer, méchante ?".
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une tour bleue, ronde, lumineuse, associée à une tour sombre, sous un ciel flamboyant, en un "éclat de rire enfantin".
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une jeune femme allongée, dos tournée, les épaules recouveertes d'une mantille.
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente les bois où les "faunes ont caché ta lyre", ô vers ! On aperçoit, en bas à gauche les tours d'un château de conte de fée.
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une tour crénelée adossée à une forteresse et surmontée d'un ciel dont "l'ardent refrain flamboie".
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente un bras, une épaule recouverte de sa manche, qui émerge d'un lit. On croit voir un œil de dragon en haut à droite.
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une jeune femme... qui "prend doucement notre âme".
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une fleur, des feuilles, au bout de leurs tiges, telles une allégorie du printemps mettant "l'hiver en déroute".
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente le dos nu d'une femme allongée.
Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une tête de phénix, aux reflets bleus, irradiant une lueur éblouissante (à moins que ce soit un dragon crachant de la lumière).
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