IV. À Doña Rosita Rosa
À Doña Rosita Rosa – Les références
Les Chansons des rues et des bois – Livre premier : Jeunesse – VI. L’Éternel Petit Roman ;
Collection Bouquins, Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 943.
À Doña Rosita Rosa – L’enregistrement
Je vous invite à écouter À Doña Rosita Rosa, un poème du recueil Les Chansons des rues et des bois, du Livre premier : Jeunesse, VI. L’Éternel Petit Roman, de Victor Hugo.
À Doña Rosita Rosa
À Doña Rosita Rosa – Le texte
IV
À Doña Rosita Rosa
I
Ce petit bonhomme bleu
Qu’un souffle apporte et remporte,
Qui, dès que tu dors un peu,
Gratte de l’ongle à ta porte,
C’est mon rêve. Plein d’effroi,
Jusqu’à ton seuil il se glisse.
Il voudrait entrer chez toi
En qualité de caprice.
Si tu désires avoir
Un caprice aimable, leste,
Et prenant un air céleste
Sous les étoiles du soir,
Mon rêve, ô belle des belles,
Te convient ; arrangeons-nous.
Il a ton nom sur ses ailes
Et mon nom sur ses genoux.
Il est doux, gai, point morose,
Tendre, frais, d’azur baigné.
Quant à son ongle, il est rose,
Et j’en suis égratigné.
II
Prends-le donc à ton service.
C’est un pauvre rêve fou ;
Mais pauvreté n’est pas vice.
Nul cœur ne ferme au verrou ;
Ton cœur, pas plus que mon âme
N’est clos et barricadé.
Ouvrez donc, ouvrez, madame,
À mon doux songe évadé.
Les heures pour moi sont lentes,
Car je souffre éperdument ;
Il vient sur ton front charmant
Poser ses ailes tremblantes.
T’obéir sera son vœu ;
Il dorlotera ton âme ;
Il fera chez toi du feu,
Et, s’il le peut, de la flamme.
Il fera ce qui te plaît ;
Prompt à voir tes désirs naître ;
Belle, il sera ton valet,
Jusqu’à ce qu’il soit ton maître.
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