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Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une tour crénelée adossée à une forteresse et surmontée d'un ciel dont "l'ardent refrain flamboie".

VI. Hilaritas

Hilaritas – Les références

Les Chansons des rues et des boisLivre premier : JeunesseII. Les Complications de l’idéal ;
Collection Bouquins, Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 867.

Hilaritas – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Hilaritas, poème du Livre premier : Jeunesse, II. Les Complications de l’idéal, du recueil Les Chansons des rues et des bois, de Victor Hugo.

Hilaritas


Hilaritas – Le texte

VI
Hilaritas


Chantez ; l’ardent refrain flamboie ;
Jurez même, noble ou vilain !
Le chant est un verre de joie
Dont le juron est le trop-plein.

L’homme est heureux sous la tonnelle
Quand il a bien empaqueté
Son rhumatisme de flanelle
Et sa sagesse de gaîté.

Le rire est notre meilleure aile ;
Il nous soutient quand nous tombons.
Le philosophe indulgent mêle
Les hommes gais aux hommes bons.

Un mot gai suffit pour abattre
Ton fier courroux, ô grand Caton.
L’histoire amnistie Henri quatre
Protégé par Jarnicoton.

Soyons joyeux. Dieu le désire.
La joie aux hommes attendris
Montre ses dents, et semble dire :
Moi qui pourrais mordre, je ris.

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente des formes sombres et effilées dans un ciel de lumière où évoluent les trop heureux.

XVI. Les trop heureux

Les trop heureux – Les références

Les Chansons des rues et des boisLivre premier : JeunesseVI. L’Éternel Petit Roman ;
Collection Bouquins, Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 957.

Les trop heureux – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Les trop heureux, un poème du recueil Les Chansons des rues et des bois, du Livre premier : Jeunesse, VI. L’Éternel Petit Roman, de Victor Hugo.

Les trop heureux


Les trop heureux – Le texte

XVI
Les trop heureux

Quand avec celle qu’on enlève,
Joyeux, on s’est enfui si loin,
Si haut, qu’au-dessus de son rêve
On n’a plus que Dieu, doux témoin ;

Quand, sous un dais de fleurs sans nombre,
On a fait tomber sa beauté
Dans quelque précipice d’ombre,
De silence et de volupté ;

Quand, au fond du hallier farouche,
Dans une nuit pleine de jour,
Une bouche sur une bouche
Baise ce mot divin : amour !

Quand l’homme contemple la femme,
Quand l’amante adore l’amant,
Quand, vaincus, ils n’ont plus dans l’âme
Qu’un muet éblouissement,

Ce profond bonheur solitaire,
C’est le ciel que nous essayons.
Il irrite presque la terre
Résistante à trop de rayons.

Ce bonheur rend les fleurs jalouses
Et les grands chênes envieux,
Et fait qu’au milieu des pelouses
Le lys trouve le rosier vieux ;

Ce bonheur est si beau qu’il semble
Trop grand, même aux êtres ailés ;
Et la libellule qui tremble,
La graine aux pistils étoilés,

Et l’étamine, âme inconnue,
Qui de la plante monte au ciel,
Le vent errant de nue en nue,
L’abeille errant de miel en miel,

L’oiseau, que les hivers désolent,
Le frais papillon rajeuni,
Toutes les choses qui s’envolent,
En murmurent dans l’infini.