Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente la Terre, "tempête d'âmes", qui porte des "berceaux endormis".

II. Qu’est-ce que cette terre ? Une tempête d’âme…

Qu’est-ce que cette terre ? Une tempête d’âme… – Les références

L’Art d’être grand-pèreI. À Guernesey ;
Collection Bouquins, Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie III, p 718.

Qu’est-ce que cette terre ? Une tempête d’âme… – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Qu’est-ce que cette terre ? Une tempête d’âme…, poème de la partie I. À Guernesey, du recueil L’Art d’être grand-père, de Victor Hugo.
Il est précédé de I. L’exilé satisfait et suivi de III. Jeanne fait son entrée.

Qu’est-ce que cette terre ? Une tempête d’âme…


Qu’est-ce que cette terre ? Une tempête d’âme… – Le texte

II


Qu’est-ce que cette terre ? Une tempête d’âmes.
Dans cette ombre, où, nochers errants, nous n’abordâmes
Jamais qu’à des écueils, les prenant pour des ports ;
Dans l’orage des cris, des désirs, des transports,
Des amours, des douleurs, des vœux, tas de nuées ;
Dans les fuyants baisers de ces prostituées
Que nous nommons fortune, ambition, succès ;
Devant Job qui, souffrant, dit : Qu’est-ce que je sais ?
Et Pascal qui, tremblant, dit : Qu’est-ce que je pense ?
Dans cette monstrueuse et féroce dépense
De papes, de césars, de rois, que fait Satan ;
En présence du sort tournant son cabestan
Par qui toujours — de là l’effroi des philosophes —
Sortent des mêmes flots les mêmes catastrophes ;
Dans ce néant qui mord, dans ce chaos qui ment,
Ce que l’homme finit par voir distinctement,
C’est, par-dessus nos deuils, nos chutes, nos descentes,
La souveraineté des choses innocentes.
Étant donnés le cœur humain, l’esprit humain,
Notre hier ténébreux, notre obscur lendemain,
Toutes les guerres, tous les chocs, toutes les haines,
Notre progrès coupé d’un traînement de chaînes,
Partout quelque remords, même chez les meilleurs,
Et par les vents soufflant du fond des cieux en pleurs
La foule des vivants sans fin bouleversée,
Certe, il est salutaire et bon pour la pensée,
Sous l’entre-croisement de tant de noirs rameaux,
De contempler parfois, à travers tous nos maux
Qui sont entre le ciel et nous comme des voiles,
Une profonde paix toute faite d’étoiles ;
C’est à cela que Dieu songeait quand il a mis
Les poètes auprès des berceaux endormis.

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