Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente la trace d'une fougère, comme une plume d'aigle inscrite dans la terre.

XIX. Au poëte qui m’envoie une plume d’aigle

Au poëte qui m’envoie une plume d’aigle – Les références

Les contemplationsLivre cinquième : En marche ;
Collection Bouquins, Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor HugoPoésie II, p 450.

Au poëte qui m’envoie une plume d’aigle – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Au poëte qui m’envoie une plume d’aigle, un poème des Contemplations, En marche, de Victor Hugo.
Il est précédé de XVIII. Apparition et suivi de XX. Cérigo.

Au poëte qui m’envoie une plume d’aigle


Au poëte qui m’envoie une plume d’aigle – Le texte

XIX
Au poëte
qui m’envoie une plume d’aigle


Oui, c’est une heure solennelle !
Mon esprit en ce jour serein
Croit qu’un peu de gloire éternelle
Se mêle au bruit contemporain,

Puisque, dans mon humble retraite,
Je ramasse, sans me courber,
Ce qu’y laisse choir le poëte,
Ce que l’aigle y laisse tomber !

Puisque sur ma tête fidèle
Ils ont jeté, couple vainqueur,
L’un, une plume de son aile,
L’autre, une strophe de son cœur !

Oh ! soyez donc les bienvenues,
Plume ! strophe ! envoi glorieux !
Vous avez erré dans les nues,
Vous avez plané dans les cieux !

11 décembre.

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente, de manière abstraite, des formes sombres sur un fond clair.

XX. Cérigo

Cérigo – Les références

Les contemplationsLivre cinquième : En marche ;
Collection Bouquins, Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor HugoPoésie II, p 450.

Cérigo – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Cérigo, un poème des Contemplations, En marche, de Victor Hugo.
Il est précédé de XIX. Au Poëte qui m’envoie une plume d’aigle et suivi de XXI. À Paul M., auteur du drame PARIS.

Cérigo


Cérigo – Le texte

XX
Cérigo

I

Tout homme qui vieillit est ce roc solitaire
Et triste, Cérigo, qui fut jadis Cythère,
Cythère aux nids charmants, Cythère aux myrtes verts,
La conque de Cypris sacrée au sein des mers.
La vie auguste, goutte à goutte, heure par heure,
S’épand sur ce qui passe et sur ce qui demeure ;
Là-bas, la Grèce brille agonisante, et l’œil
S’emplit en la voyant de lumière et de deuil ;
La terre luit ; la nue est de l’encens qui fume ;
Des vols d’oiseaux de mer se mêlent à l’écume ;
L’azur frissonne ; l’eau palpite ; et les rumeurs
Sortent des vents, des flots, des barques, des rameurs ;
Au loin court quelque voile hellène ou candiote.
Cythère est là, lugubre, épuisée, idiote,
Tête de mort du rêve amour, et crâne nu
Du plaisir, ce chanteur masqué, spectre inconnu.
C’est toi ? qu’as-tu donc fait de ta blanche tunique ?
Cache ta gorge impure et ta laideur cynique,
Ô sirène ridée et dont l’hymne s’est tu !
Où donc êtes-vous, âme ? étoile, où donc es-tu ?
L’île qu’on adorait de Lemnos à Lépante,
Où se tordait d’amour la chimère rampante,
Où la brise baisait les arbres frémissants,
Où l’ombre disait : j’aime ! où l’herbe avait des sens,
Qu’en a-t-on fait ? où donc sont-ils, où donc sont-elles,
Eux, les olympiens, elles, les immortelles ?
Où donc est Mars ? où donc Éros ? où donc Psyché ?
Où donc le doux oiseau bonheur, effarouché ?
Qu’en as-tu fait, rocher, et qu’as-tu fait des roses ?
Qu’as-tu fait des chansons dans les soupirs écloses,
Des danses, des gazons, des bois mélodieux,
De l’ombre que faisait le passage des dieux ?
Plus d’autels ; ô passé ! splendeurs évanouies !
Plus de vierges au seuil des antres éblouies ;
Plus d’abeilles buvant la rosée et le thym.
Mais toujours le ciel bleu. C’est-à-dire, ô destin !
Sur l’homme, jeune ou vieux, harmonie ou souffrance,
Toujours la même mort et la même espérance.
Cérigo, qu’as-tu fait de Cythère ? Nuit ! deuil !
L’éden s’est éclipsé, laissant à nu l’écueil.
Ô naufragée, hélas ! c’est donc là que tu tombes !
Les hiboux même ont peur de l’île des colombes.
Île, ô toi qu’on cherchait ! ô toi que nous fuyons,
Ô spectre des baisers, masure des rayons,
Tu t’appelles oubli ! tu meurs, sombre captive !
Et, tandis qu’abritant quelque yole furtive,
Ton cap, où rayonnaient les temples fabuleux,
Voit passer à son ombre et sur les grands flots bleus
Le pirate qui guette ou le pêcheur d’éponges
Qui rôde, à l’horizon Vénus fuit dans les songes.

II

Vénus ! que parles-tu de Vénus ? elle est là.
Lève les yeux. Le jour où Dieu la dévoila
Pour la première fois dans l’aube universelle,
Elle ne brillait pas plus qu’elle n’étincelle.
Si tu veux voir l’étoile, homme, lève les yeux.
L’île des mers s’éteint, mais non l’île des cieux ;
Les astres sont vivants et ne sont pas des choses
Qui s’effeuillent, un soir d’été, comme les roses.
Oui, meurs, plaisir ; mais vis, amour ! Ô vision,
Flambeau, nid de l’azur dont l’ange est l’alcyon,
Beauté de l’âme humaine et de l’âme divine,
Amour, l’adolescent dans l’ombre te devine,
Ô splendeur ! et tu fais le vieillard lumineux.
Chacun de tes rayons tient un homme en ses nœuds.
Oh ! vivez et brillez dans la brume qui tremble,
Hymens mystérieux, cœurs vieillissant ensemble,
Malheurs de l’un par l’autre avec joie adoptés,
Dévouement, sacrifice, austères voluptés,
Car vous êtes l’amour, la lueur éternelle,
L’astre sacré que voit l’âme, sainte prunelle,
Le phare de toute heure, et, sur l’horizon noir,
L’étoile du matin et l’étoile du soir !
Ce monde inférieur, où tout rampe et s’altère,
A ce qui disparaît et s’efface, Cythère,
Le jardin qui se change en rocher aux flancs nus ;
La terre a Cérigo ; mais le ciel a Vénus.

Juin 1855.

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une maison entourée d'ombres et de dentelles (celles de l'art dans la pensée ?).

XVII. À M. Froment Meurice

À M. Froment Meurice – Les références

Les contemplationsLivre premier : Aurore ;
Collection Bouquins, Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor HugoPoésie II, p 283.

À M. Froment Meurice – L’enregistrement

Je vous invite à écouter À M. Froment Meurice, un poème des Contemplations, Aurore, de Victor Hugo.
Il est précédé de XVI. Vers 1820 et suivi de XVIII. Les oiseaux.

À M. Froment Meurice


À M. Froment Meurice – Le texte

XVII
À M. Froment Meurice


Nous sommes frères : la fleur
Par deux arts peut être faite.
Le poëte est ciseleur,
Le ciseleur est poëte.

Poëtes ou ciseleurs,
Par nous l’esprit se révèle.
Nous rendons les bons meilleurs,
Tu rends la beauté plus belle.

Sur son bras ou sur son cou,
Tu fais de tes rêveries,
Statuaire du bijou,
Des palais de pierreries !

Ne dis pas : « Mon art n’est rien… »
Sors de la route tracée,
Ouvrier magicien,
Et mêle à l’or la pensée !

Tous les penseurs, sans chercher
Qui finit ou qui commence,
Sculptent le même rocher.
Ce rocher, c’est l’art immense.

Michel-Ange, grand vieillard,
En larges blocs qu’il nous jette,
Le fait jaillir au hasard ;
Benvenuto nous l’émiette.

Et, devant l’art infini,
Dont jamais la loi ne change,
La miette de Cellini
Vaut le bloc de Michel-Ange.

Tout est grand. Sombre ou vermeil,
Tout feu qui brille est une âme.
L’étoile vaut le soleil ;
L’étincelle vaut la flamme.

Paris, octobre 1841.

Remarques

François-Désiré Froment-Meurice, demi-frère de Paul Meurice, était un orfèvre très réputé. Ce poème fut écrit à sa mémoire.

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente un château fort juché sur un promontoire, empourpré (par le soleil couchant ?) et, au premier plan, une croix funéraire...

XXVI. Joies du soir

Joies du soir – Les références

Les ContemplationsLivre troisième : Les Luttes et le rêves ;
Collection Bouquins chez Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 364.

Joies du soir – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Joies du soir, un poème du recueil Les Contemplations, Les Luttes et les rêves, de Victor Hugo.
Il est précédé de XXV. L’enfant, voyant l’aïeule… et suivi de XXVII. J’aime l’araignée….

Joies du soir


Joies du soir – Le texte

XXVI
Joies du soir


Le soleil, dans les monts où sa clarté s’étale,
Ajuste à son arc d’or sa flèche horizontale ;
Les hauts taillis sont pleins de biches et de faons ;
Là rit dans les rochers, veinés comme des marbres,
Une chaumière heureuse ; en haut, un bouquet d’arbres ;
Au-dessous, un bouquet d’enfants.

C’est l’instant de songer aux choses redoutables.
On entend les buveurs danser autour des tables ;
Tandis que, gais, joyeux, heurtant les escabeaux,
Ils mêlent aux refrains leurs amours peu farouches,
Les lettres des chansons qui sortent de leurs bouches
Vont écrire autour d’eux leurs noms sur leurs tombeaux.

Mourir ! demandons-nous, à toute heure, en nous-même :
— Comment passerons-nous le passage suprême ? —
Finir avec grandeur est un illustre effort.
Le moment est lugubre et l’âme est accablée ;
Quel pas que la sortie ! — Oh ! l’affreuse vallée
Que l’embuscade de la mort !

Quel frisson dans les os de l’agonisant blême !
Autour de lui tout marche et vit, tout rit, tout aime ;
La fleur luit, l’oiseau chante en son palais d’été,
Tandis que le mourant en qui décroît la flamme,
Frémit sous ce grand ciel, précipice de l’âme,
Abîme effrayant d’ombre et de tranquillité !

Souvent, me rappelant le front étrange et pâle
De tous ceux que j’ai vus à cette heure fatale,
Êtres qui ne sont plus, frères, amis, parents,
Aux instants où l’esprit à rêver se hasarde,
Souvent je me suis dit : Qu’est-ce donc qu’il regarde,
Cet œil effaré des mourants ?

Que voit-il ? … — Ô terreur ! de ténébreuses routes,
Un chaos composé de spectres et de doutes,
La terre vision, le ver réalité,
Un jour oblique et noir qui, troublant l’âme errante,
Mêle au dernier rayon de la vie expirante
Ta première lueur, sinistre éternité !

On croit sentir dans l’ombre une horrible piqûre.
Tout ce qu’on fit s’en va comme une fête obscure,
Et tout ce qui riait devient peine ou remord.
Quel moment, même, hélas ! pour l’âme la plus haute,
Quand le vrai tout à coup paraît, quand la vie ôte
Son masque, et dit : « Je suis la mort ! »

Ah ! si tu fais trembler même un cœur sans reproche,
Sépulcre ! le méchant avec horreur t’approche.
Ton seuil profond lui semble une rougeur de feu ;
Sur ton vide pour lui quand ta pierre se lève,
Il s’y penche ; il y voit, ainsi que dans un rêve,
La face vague et sombre et l’œil fixe de Dieu.

Biarritz, juillet 1843.

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo, flou, représente un homme au tronc minuscule et aux membres démesurés, possédant trois paires d'yeux, dont deux sur la tête et une, verticale, dans le corps.

XXV. L’enfant, voyant l’aïeule…

L’enfant, voyant l’aïeule… – Les références

Les ContemplationsLivre troisième : Les Luttes et le rêves ;
Collection Bouquins chez Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 364.

L’enfant, voyant l’aïeule… – L’enregistrement

Je vous invite à écouter L’enfant, voyant l’aïeule…, un très court poème du recueil Les Contemplations, Les Luttes et les rêves, de Victor Hugo.
Il est précédé de XXIV. Aux arbres et suivi de XXVI. Joies du soir.

L’enfant, voyant l’aïeule…


L’enfant, voyant l’aïeule… – Le texte

XXV


L’enfant, voyant l’aïeule à filer occupée,
Veut faire une quenouille à sa grande poupée.
L’aïeule s’assoupit un peu ; c’est le moment.
L’enfant vient par derrière et tire doucement
Un brin de la quenouille où le fuseau tournoie,
Puis s’enfuit triomphante, emportant avec joie
La belle laine d’or que le safran jaunit,
Autant qu’en pourrait prendre un oiseau pour son nid.

Cauteretz, août 1843.

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente un cœur formé par trois arbres enlacés.

XVII. Sous les arbres

Sous les arbres – Les références

Les ContemplationsLivre deuxième : L’Âme en fleur ;
Collection Bouquins chez Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 312.

Sous les arbres – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Sous les arbres, un poème du recueil Les Contemplations, L’Âme en fleur, de Victor Hugo.
Il est précédé de XVI. L’hirondelle au printemps… et suivi de XVIII. Je sais bien qu’il est d’usage….

Sous les arbres


Sous les arbres – Le texte

XVII
Sous les arbres


Ils marchaient à côté l’un de l’autre ; des danses
Troublaient le bois joyeux ; ils marchaient, s’arrêtaient,
Parlaient, s’interrompaient, et, pendant les silences,
Leurs bouches se taisant, leurs âmes chuchotaient.

Ils songeaient ; ces deux cœurs, que le mystère écoute,
Sur la création au sourire innocent
Penchés, et s’y versant dans l’ombre goutte à goutte,
Disaient à chaque fleur quelque chose en passant.

Elle sait tous les noms des fleurs qu’en sa corbeille
Mai nous rapporte avec la joie et les beaux jours ;
Elle les lui nommait comme eût fait une abeille,
Puis elle reprenait : « Parlons de nos amours.

« Je suis en haut, je suis en bas, lui disait-elle,
« Et je veille sur vous, d’en bas comme d’en haut. »
Il demandait comment chaque plante s’appelle,
Se faisant expliquer le printemps mot à mot.

Ô champs ! il savourait ces fleurs et cette femme.
Ô bois ! ô prés ! nature où tout s’absorbe en un,
Le parfum de la fleur est votre petite âme,
Et l’âme de la femme est votre grand parfum !

La nuit tombait ; au tronc d’un chêne, noir pilastre,
Il s’adossait pensif ; elle disait : « Voyez
« Ma prière toujours dans vos cieux comme un astre,
« Et mon amour toujours comme un chien à tes pieds. »

Juin 18..

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente les ombres torturées des douleurs et des combats d'une mère.

XIV. À la mère de l’enfant mort

À la mère de l’enfant mort – Les références

Les ContemplationsLivre troisième : Les Luttes et le rêves ;
Collection Bouquins chez Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 349.

À la mère de l’enfant mort – L’enregistrement

Je vous invite à écouter À la mère de l’enfant mort, un poème du recueil Les Contemplations, Les Luttes et les rêves, de Victor Hugo.
Il est précédé de XIII. La Chouette et suivi de XV. Épitaphe.

À la mère de l’enfant mort


À la mère de l’enfant mort – Le texte

XIV
À la mère de l’enfant mort


Oh ! vous aurez trop dit au pauvre petit ange
Qu’il est d’autres anges là-haut,
Que rien ne souffre au ciel, que jamais rien n’y change,
Qu’il est doux d’y rentrer bientôt ;

Que le ciel est un dôme aux merveilleux pilastres,
Une tente aux riches couleurs,
Un jardin bleu rempli de lys qui sont des astres,
Et d’étoiles qui sont des fleurs ;

Que c’est un lieu joyeux plus qu’on ne saurait dire,
Où toujours, se laissant charmer,
On a les chérubins pour jouer et pour rire,
Et le bon Dieu pour nous aimer ;

Qu’il est doux d’être un cœur qui brûle comme un cierge,
Et de vivre, en toute saison,
Près de l’enfant Jésus et de la Sainte Vierge
Dans une si belle maison !

Et puis vous n’aurez pas assez dit, pauvre mère,
À ce fils si frêle et si doux,
Que vous étiez à lui dans cette vie amère,
Mais aussi qu’il était à vous ;

Que, tant qu’on est petit, la mère sur nous veille,
Mais que plus tard on la défend ;
Et qu’elle aura besoin, quand elle sera vieille,
D’un homme qui soit son enfant ;

Vous n’aurez point assez dit à cette jeune âme
Que Dieu veut qu’on reste ici-bas,
La femme guidant l’homme et l’homme aidant la femme,
Pour les douleurs et les combats ;

Si bien qu’un jour, ô deuil ! irréparable perte !
Le doux être s’en est allé !… —
Hélas ! vous avez donc laissé la cage ouverte,
Que votre oiseau s’est envolé !

Avril 1843.

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente des ombres torturées de l'abîme de la nature, ou du cœur d'une mère.

XV. Épitaphe

Épitaphe – Les références

Les ContemplationsLivre troisième : Les Luttes et les rêves ;
Collection Bouquins chez Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 350.

Épitaphe – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Épitaphe, un court poème du recueil Les Contemplations, Les Luttes et les rêves, de Victor Hugo.
Il est précédé de XIV. À la mère de l’enfant mort et suivi de XVI. Le Maître d’études.

Épitaphe


Épitaphe – Le texte

XV
Épitaphe


Il vivait, il jouait, riante créature.
Que te sert d’avoir pris cet enfant, ô nature ?
N’as-tu pas les oiseaux peints de mille couleurs,
Les astres, les grands bois, le ciel bleu, l’onde amère ?
Que te sert d’avoir pris cet enfant à sa mère
Et de l’avoir caché sous des touffes de fleurs ?

Pour cet enfant de plus tu n’es pas plus peuplée,
Tu n’es pas plus joyeuse, ô nature étoilée !
Et le cœur de la mère en proie à tant de soins,
Ce cœur où toute joie engendre une torture,
Cet abîme aussi grand que toi-même, ô nature,
Est vide et désolé pour cet enfant de moins !

Mai 1843.

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente, en douces ondulations sable, "la chanson des amours".

XIII. Viens ! – une flûte invisible…

Viens ! – une flûte invisible… – Les références

Les ContemplationsLivre deuxième : L’Âme en fleur ;
Collection Bouquins chez Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 309.

Viens ! – une flûte invisible… – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Viens ! – une flûte invisible…, un poème du recueil Les Contemplations, L’Âme en fleur, de Victor Hugo.
Il est précédé de XII. Églogue et suivi de XIV. Billet du matin.

Viens ! – une flûte invisible…


Viens ! – une flûte invisible… – Le texte

XIII


Viens ! — une flûte invisible
Soupire dans les vergers. —
La chanson la plus paisible
Est la chanson des bergers.

Le vent ride, sous l’yeuse,
Le sombre miroir des eaux. —
La chanson la plus joyeuse
Est la chanson des oiseaux.

Que nul soin ne te tourmente.
Aimons-nous ! aimons toujours ! —
La chanson la plus charmante
Est la chanson des amours.

Les Metz, août 18..

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une maison "petite avec des fleurs", perchée sur une colline et entourée d'arbres.

XXI. Il lui disait : « Vois-tu…

Il lui disait : « Vois-tu… – Les références

Les ContemplationsLivre deuxième : L’Âme en fleur ;
Collection Bouquins chez Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 317.

Il lui disait : « Vois-tu… – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Il lui disait : « Vois-tu…, un poème du recueil Les Contemplations, L’Âme en fleur, de Victor Hugo.
Il est précédé de XX. Il fait froid et suivi de XXII. Aimons toujours ! aimons encore !….

Il lui disait : « Vois-tu…


Il lui disait : « Vois-tu… – Le texte

XXI


Il lui disait : « Vois-tu, si tous deux nous pouvions,
« L’âme pleine de foi, le cœur plein de rayons,
« Ivres de douce extase et de mélancolie,
« Rompre les mille nœuds dont la ville nous lie ;
« Si nous pouvions quitter ce Paris triste et fou,
« Nous fuirions ; nous irions quelque part, n’importe où,
« Chercher, loin des vains bruits, loin des haines jalouses,
« Un coin où nous aurions des arbres, des pelouses,
« Une maison petite avec des fleurs, un peu
« De solitude, un peu de silence, un ciel bleu,
« La chanson d’un oiseau qui sur le toit se pose,
« De l’ombre ; — et quel besoin avons-nous d’autre chose ? »

Juillet 18..