Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente un château qui apparaît derrière un rideau d'arbres, après une pluie d'été.

Pluie d’été

Pluie d’été – Les références

Odes et ballades ;
Collection Bouquins chez Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie I, p 305.

Pluie d’été – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Pluie d’été, un poème du recueil Odes et ballades, de Victor Hugo.

Pluie d’été


Pluie d’été – Le texte

Pluie d’été

L’aubépine et l’églantin
Et le thym,
L’œillet, le lys et les roses,
En cette belle saison,
À foison
Montrent leurs robes écloses.

Le gentil rossignolet
Doucelet,
Découpe, dessous l’ombrage,
Mille fredons babillards,
Frétillards,
Au doux son de son ramage.

REMI BELLEAU

Ode vingt-quatrième

Que la soirée est fraîche et douce !
Oh ! viens ! il a plu ce matin ;
Les humides tapis de mousse
Verdissent tes pieds de satin.
L’oiseau vole sous les feuillées,
Secouant ses ailes mouillées ;
Pauvre oiseau que le ciel bénit !
Il écoute le vent bruire,
Chante, et voit des gouttes d’eau luire,
Comme des perles, dans son nid.

La pluie a versé ses ondées ;
Le ciel reprend son bleu changeant ;
Les terres luisent fécondées
Comme sous un réseau d’argent.
Le petit ruisseau de la plaine,
Pour une heure enflé, roule et traîne
Brins d’herbe, lézards endormis,
Court, et, précipitant son onde
Du haut d’un caillou qu’il inonde,
Fait des Niagaras aux fourmis.

Tourbillonnant dans ce déluge,
Des insectes, sans avirons,
Voguent pressés, frêle refuge !
Sur des ailes de moucherons ;
D’autres pendent, comme à des îles,
À des feuilles, errants asiles ;
Heureux, dans leur adversité,
Si, perçant les flots de sa cime,
Une paille au bord de l’abîme
Retient leur flottante cité !

Les courants ont lavé le sable ;
Au soleil montent les vapeurs,
Et l’horizon insaisissable
Tremble et fuit sous leurs plis trompeurs.
On voit seulement sous leurs voiles,
Comme d’incertaines étoiles,
Des points lumineux scintiller,
Et les monts, de la brume enfuie,
Sortir, et ruisselants de pluie,
Les toits d’ardoise étinceler.

Viens errer dans la plaine humide.
À cette heure nous serons seuls.
Mets sur mon bras ton bras timide ;
Viens, nous prendrons par les tilleuls.
Le soleil rougissant décline ;
Avant de quitter la colline,
Tourne un moment tes yeux pour voir,
Avec ses palais, ses chaumières,
Rayonnants des mêmes lumières,
La ville d’or sur le ciel noir.

Oh ! vois voltiger les fumées
Sur les toits de brouillards baignés !
Là, sont des épouses aimées,
Là, des cœurs doux et résignés.
La vie, hélas ! dont on s’ennuie,
C’est le soleil après la pluie…
Le voilà qui baisse toujours !
De la ville, que ses feux noient,
Toutes les fenêtres flamboient
Comme des yeux au front des tours.

L’arc-en-ciel ! l’arc-en-ciel ! Regarde.
Comme il s’arrondit pur dans l’air !
Quel trésor le Dieu bon nous garde
Après le tonnerre et l’éclair !
Que de fois, sphères éternelles,
Mon âme a demandé ses ailes,
Implorant quelque Ithuriel,
Hélas ! pour savoir à quel monde
Mène cette courbe profonde,
Arche immense d’un pont du ciel !

Juin 1828

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