XXV. Je respire où tu palpites
Je respire où tu palpites…
– Les références
Les Contemplations – Livre deuxième : L’Âme en fleur ;
Collection Bouquins chez Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor Hugo, Poésie II, p 321.
Je respire où tu palpites…
– L’enregistrement
Je vous invite à écouter Je respire où tu palpites…
, un poème du recueil Les Contemplations, L’Âme en fleur, de Victor Hugo.
Il est précédé de XXIV. Que le sort, quel qu’il soit…
et suivi de XXVI. Crépuscule.
Je respire où tu palpites…
Je respire où tu palpites…
– Autre enregistrement, un an après jour pour jour
Je respire où tu palpites…
– Le texte
XXV
Je respire où tu palpites,
Tu sais ; à quoi bon, hélas !
Rester là si tu me quittes,
Et vivre si tu t’en vas ?
À quoi bon vivre, étant l’ombre
De cet ange qui s’enfuit !
À quoi bon, sous le ciel sombre,
N’être plus que de la nuit ?
Je suis la fleur des murailles,
Dont avril est le seul bien.
Il suffit que tu t’en ailles
Pour qu’il ne reste plus rien.
Tu m’entoures d’auréoles ;
Te voir est mon seul souci.
Il suffit que tu t’envoles
Pour que je m’envole aussi.
Si tu pars, mon front se penche ;
Mon âme au ciel, son berceau,
Fuira, car dans ta main blanche
Tu tiens ce sauvage oiseau.
Que veux-tu que je devienne,
Si je n’entends plus ton pas ?
Est-ce ta vie ou la mienne
Qui s’en va ? Je ne sais pas.
Quand mon courage succombe,
J’en reprends dans ton cœur pur ;
Je suis comme la colombe
Qui vient boire au lac d’azur.
L’amour fait comprendre à l’âme
L’univers, sombre et béni ;
Et cette petite flamme
Seule éclaire l’infini.
Sans toi, toute la nature
N’est plus qu’un cachot fermé,
Où je vais à l’aventure,
Pâle et n’étant plus aimé.
Sans toi, tout s’effeuille et tombe,
L’ombre emplit mon noir sourcil,
Une fête est une tombe,
La patrie est un exil.
Je t’implore et te réclame ;
Ne fuis pas loin de mes maux,
Ô fauvette de mon âme
Qui chante dans mes rameaux !
De quoi puis-je avoir envie,
De quoi puis-je avoir effroi,
Que ferai-je de la vie
Si tu n’es plus près de moi ?
Tu portes dans la lumière,
Tu portes dans les buissons,
Sur une aile ma prière,
Et sur l’autre mes chansons.
Que dirai-je aux champs que voile
L’inconsolable douleur ?
Que ferai-je de l’étoile ?
Que ferai-je de la fleur ?
Que dirai-je au bois morose
Qu’illuminait ta douceur ?
Que répondrai-je à la rose
Disant : « Où donc est ma sœur ? »
J’en mourrai ; fuis, si tu l’oses.
À quoi bon, jours révolus !
Regarder toutes ces choses
Qu’elle ne regarde plus ?
Que ferai-je de la lyre,
De la vertu, du destin ?
Hélas ! et, sans ton sourire,
Que ferai-je du matin ?
Que ferai-je, seul, farouche,
Sans toi, du jour et des cieux,
De mes baisers sans ta bouche,
Et de mes pleurs sans tes yeux !
Août 18..
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