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Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente une matrice en formation, enveloppée de bleu dans sa partie inférieure.

XXV. Nomen, Numen, Lumen

Nomen, Numen, Lumen – Les références

Les contemplationsLivre sixième : Au bord de l’infini ;
Collection Bouquins, Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor HugoPoésie II, p 533.

Nomen, Numen, Lumen – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Nomen, Numen, Lumen, un poème du Livre sixième – Au bord de l’infini, des Contemplations, de Victor Hugo.
Il est précédé de XXIV. En frappant à une porte et suivi de XXVI. Ce que dit la bouche d’ombre.

Nomen, Numen, Lumen


Nomen, Numen, Lumen – Le texte

XXV
Nomen, Numen, Lumen


Quand il eut terminé, quand les soleils épars,
Éblouis, du chaos montant de toutes parts,
Se furent tous rangés à leur place profonde,
Il sentit le besoin de se nommer au monde ;
Et l’être formidable et serein se leva ;
Il se dressa sur l’ombre et cria : Jéhovah !
Et dans l’immensité ces sept lettres tombèrent ;
Et ce sont, dans les cieux que nos yeux réverbèrent,
Au-dessus de nos fronts tremblants sous leur rayon,
Les sept astres géants du noir septentrion.

Minuit, au dolmen du Faldouet, mars 1855.

Remarque

Nomen, Numen, Lumen signifie Nom, Divinité, Lumière.

Ce détail d'un dessin de Victor Hugo représente l'ombre d'un aigle (ou d'une colombe ?) dans l'obscurité de l'univers.

XVIII. Hélas ! tout est sépulcre…

Hélas ! tout est sépulcre… – Les références

Les contemplationsLivre sixième : Au bord de l’infini ;
Collection Bouquins, Robert Laffont, Œuvres complètes de Victor HugoPoésie II, p 512.

Hélas ! tout est sépulcre… – L’enregistrement

Je vous invite à écouter Hélas ! tout est sépulcre…, un poème du Livre sixième – Au bord de l’infini, des Contemplations, de Victor Hugo.
Il est précédé de XVIII. Dolor et suivi de XIX. Voyage de nuit.

Hélas ! tout est sépulcre…


Hélas ! tout est sépulcre… – Le texte

XVIII


Hélas ! tout est sépulcre. On en sort, on y tombe ;
La nuit est la muraille immense de la tombe.
Les astres, dont luit la clarté,
Orion, Sirius, Mars, Jupiter, Mercure,
Sont les cailloux qu’on voit dans ta tranchée obscure,
Ô sombre fosse Éternité !

Une nuit, un esprit me parla dans un rêve,
Et me dit : — Je suis aigle en un ciel où se lève
Un soleil qui t’est inconnu.
J’ai voulu soulever un coin du vaste voile ;
J’ai voulu voir de près ton ciel et ton étoile ;
Et c’est pourquoi je suis venu ;

Et, quand j’ai traversé les cieux grands et terribles,
Quand j’ai vu le monceau des ténèbres horribles
Et l’abîme énorme où l’œil fuit,
Je me suis demandé si cette ombre où l’on souffre
Pourrait jamais combler ce puits, et si ce gouffre
Pourrait contenir cette nuit !

Et, moi, l’aigle lointain, épouvanté, j’arrive ;
Et je crie, et je viens m’abattre sur ta rive,
Près de toi, songeur sans flambeau.
Connais-tu ces frissons, cette horreur, ce vertige,
Toi, l’autre aigle de l’autre azur ? — Je suis, lui dis-je,
L’autre ver de l’autre tombeau.

Au dolmen de la Corbière, juin 1855.